Le Guide du chronovoyageur galactique… Enfin, presque

Une fanfiction du livre « Le Guide du voyageur galactique »

L’inspiration derrière cette histoire m’est venue du petit bout de dialogue que voici:

« Où vas-tu? »

« Nulle part. »

« On peut faire ça dans une machine à voyager dans le temps? »

Étant fan du « Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams, j’ai écrit cette fanfiction, qui se déroule juste avant le début des événements du premier livre de la série.

Les souris fixaient l’écran sans rien comprendre de ce qui se passait. La série de messages d’erreur qu’elles voyaient les laissait complètement perplexes. Elles avaient bien demandé à Pensées Profondes de les interpréter, mais même ce deuxième ordinateur le plus puissant de la galaxie n’y arrivait pas.

Il fallait absolument avertir la planète, mais il n’y avait aucun moyen de le faire à temps. De plus, l’une des erreurs semblait indiquer un gel complet du temps et de l’espace dans le secteur ZZ/9 Pluriel Z d’Alpha. Les souris n’avaient jamais rien vu de pareil.

Et maintenant toute communication avec la planète était inopérante, et la flotte de chantier des Vogons était en route… Les souris devaient absolument prévenir la Terre et les informer des plans, afin que Fook et Lunkwill puissent faire appel auprès du Conseil de Planification Hyperspatial Galactique et faire annuler la destruction de leur projet. Malheureusement, ces Vogons bureaucrates et infernaux n’acceptent comme appels que ceux provenant directement du site affecté par la décision.

Puis l’une des souris suggéra quelque chose. Peut-être qu’en contactant l’équipe de support sur Magrathéa ils auront des réponses et une manière de gérer cette situation. Ils ne pouvaient pas laisser échouer leur expérience maintenant. Elle devait être sur le point d’aboutir depuis le temps.

Pendant ce temps, sur Terre…

Dans un petit café de Rickmansworth, au Royaume-Uni, une jeune femme était assise au bord de sa chaise, une expression d’excitation et de révélation sur son visage. Elle était là, figée, immobile. La pinte de bière qu’elle venait de balayer de la main dans son excitation lors de son sursaut était encore coincée en plein air, penchée, avec une giclée de bière déjà hors du verre et deux gouttes pointant vers le sol sans, semblait-il, la possibilité d’y arriver un jour.

Elle venait d’avoir l’idée du siècle, une solution à tous les problèmes de la société, une manière de vraiment gérer les choses qui permettrait à tout le monde de vivre en parfaite harmonie. Une approche de la philosophie qui permettrait enfin aux gens de se poser les vraies grandes questions de la Vie, de l’Univers et de tout le reste, et donc d’y trouver enfin une réponse. Elle ne pouvait pas savoir que cela n’arriverait pas, car une terrible catastrophe était sur le point de survenir.

A l’autre bout du pays, un dénommé Arthur Dent était assis à son poste dans la salle d’émission de la radio locale, figé en plein mot alors qu’il disait quelque chose à peu près totalement sans intérêt à une trop petite poignée d’écouteurs potentiels dans sa ville. Le crayon qu’il faisait virevolter dans ses doigts, et qui venait d’échapper à son emprise, était encore coincé en plein air, apparemment au milieu de sa fuite vers le bureau juste au-dessous. L’autre main de Dent était en l’air semblant faire un geste animé en rapport avec ce qu’il disait, geste que, par la nature des choses, personne n’aurait été en mesure de voir de toutes façons.

Non loin de là, un certain Ford Prefect était bloqué en train de se poser la question de la meilleure manière de présenter ses impressions dans le guide sur lequel il travaillait. Il était penché au-dessus d’un appareil électronique comportant quelques boutons, un écran luisant et les mots « PAS DE PANIQUE » écrit en larges lettres amicales sur le dos. L’écran était en plein chargement d’une nouvelle page, et il semblait que Ford attendait que le chargement soit terminé.

Dans un laboratoire à Londres, Fook et Lunkwill eux-mêmes semblaient aussi gelés sur place. Fook venait d’entrer dans la roue de hamster pour faire un peu d’exercice mais était figé là, perché sur deux pattes opposées, la bouche ouverte et les yeux fixant le vide. Lunkwill venait de sauter de l’étage supérieur de la cage, et était coincé mi-saut.

Ce qui se passait au Royaume-Uni arrivait aussi partout dans le monde. La seule personne qui arrivait à bouger, en fait, était un jeune homme dans un autre coin du pays, qui fouillait précipitamment ses notes et diagrammes pour comprendre ce qui venait de foirer dans sa machine. Il ne pouvait pas savoir que son erreur allait coûter à la planète son existence.

Après quelques minutes de fouilles, ce jeune homme tomba enfin sur un livre que son prof lui avait prêté. Il l’ouvrit à la page où il avait vu la note qu’il cherchait. Il y était écrit: « Attention aux réglages, ou tu iras littéralement nulle part! » suivi d’une brève explication. La machine expérimentale à remonter le temps, qu’il venait de construire, semblait marcher, mais il semblait que quelque chose ait fait geler le temps même.

Malheureusement ces quelques lignes de plus ne lui ont rien dit de plus. Mais il réfléchit quelques instants à cette expression « littéralement nulle part ». Enfin il eut un éclair de génie. Comment définirait-on même la notion de « nulle part »? Puis la réponse lui vint. Il savait maintenant où il s’était trompé. Il avait réglé la machine pour qu’elle aille « nulle part ». Donc elle était en effet allée « nulle part » – mais dans l’espace-temps. Elle n’avait pas bougé. Elle ne pouvait pas bouger, ni dans l’espace, ni dans le temps.

C’était ça le problème. Mais comment le résoudre? Il ne voulait pas prendre plus de risques, mais il ne pouvait pas non plus rester là dans un monde perpétuellement figé. Il allait devoir faire quelque chose. Après quelques heures de calculs, de ratures, de frustration, il laissa tomber. La seule solution, la meilleure à laquelle il avait pu penser, était simple mais non testée. Il n’avait aucun moyen d’en évaluer la viabilité ni ce qui pouvait en résulter.

Il retourna à sa machine, s’y assit et fixa les réglages. Il avait réglé la machine pour aller « nulle part », c’est-à-dire à la même heure, afin d’éviter de perdre son temps. Mais apparemment, cela avait conduit à une sorte de bug qui a en plus gelé le temps. Il décida d’essayer quelque chose. Il régla la machine pour aller une minute dans le passé. Peut-être suffirait-ce à débloquer le temps. Il appuya nerveusement sur le bouton.

*

Dans une autre dimension, les souris virent soudain que tout était revenu à la normale. La planète avait recommencé à tourner. Ils se jetèrent tout de suite sur leur communicateur pour envoyer un message urgentissime à Fook et Lunkwill. Et pour bien faire, ils ont envoyé le même message à tous les dauphins de la Terre.

Mais ils craignaient que c’était déjà trop tard. La planète était restée trop longtemps figée dans le temps. La flotte Vogon s’était approchée, et arriverait sous quelques heures tout au plus. S’ils voulaient sauver leur expérience, ils devaient agir immédiatement, et même ainsi il serait peut-être trop tard. Ils n’auraient pas le temps d’envoyer un appel à Alpha du Centaure pour faire arrêter la flotte. C’était trop tard. Mais ils devaient absolument essayer. L’alternative serait de tout perdre après des millions d’années d’attente.

*

Fook et Lunkwill étaient en panique totale. Ils devaient communiquer illico avec Alpha du Centaure. Dans leur cage ils retrouvèrent leur transmetteur sub-éther, et envoyèrent une communication urgente. Tandis que Fook se chargeait de cela, Lunkwill sortit deux autres objets qui ressemblaient fort à des pouces. Ils en mirent chacun un et s’assirent là pour attendre. Il était 3h du matin.

Pendant ce temps, dans tous les océans et parcs aquatiques du monde, les dauphins devenaient hyperactifs, s’agitant dans l’eau, semblant désespérément tenter d’attirer l’attention des humains. Au bout d’un moment, lorsqu’ils se rendirent compte que leurs amis bipèdes ne leur prêtaient pas l’attention qu’ils voulaient, ils décidèrent de sauter par-dessus bord… enfin, par-dessus planète, laissant derrière eux un message: « Salut, et merci pour le poisson. »

*

Cette histoire débute fort simplement. Elle débute avec une maison.

La maison se tenait isolée sur une légère éminence juste à la sortie du village et donnait sur les larges étendues de la campagne vers l’ouest. Une maison sans rien de remarquable, datant d’une trentaine d’années, trapue, carrée, bâtie en briques, avec en façade quatre ouvertures dont la taille et les proportions parvenaient à peu près totalement à ne pas satisfaire l’œil…

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