Derrière les lignes ennemies

L’inspiration : Ceci est tiré d’une amorce (en anglais) constituée des mots suivants :

grenouille – graphe – cible – ingérence – pris au piège – valises

Le reste de l’histoire est inspiré d’une partie de « The Pool of Fire » (Le Puits de feu) de John Christopher, ainsi que d’extraits d’autres livres comme les thrillers d’espionnage de Frederick Forsyth.

Nous étions prêts pour la mission. Elle a été chronométrée à la seconde près, car elle le temps nous était très précieux. Nous avions étudié les graphiques de la production électrique dans l’installation cible afin de déterminer le moment idéal pour frapper. Nous devions entrer dans la centrale par le tunnel de sortie, en nageant à contre-courant, pour éviter les grilles du tunnel d’entrée.

Nous avions déterminé que le moment idéal était 02h45, lorsque l’activité de la centrale atteint son minimum. Pour réussir la mission, nous devions entrer quinze minutes avant, pas une de plus ou de moins, donc 02h30 juste après le passage de la patrouille de sécurité. Cela nous donnerait 15 minutes pour préparer le sabotage – et on allait en avoir besoin – et 15 minutes de plus pour terminer la mission et sortir avant que la patrouille ne repasse.

Nous avions des propulseurs de plongée pour nous aider à entrer contre le courant. Ils nous amèneraient loin dans les bouches de sortie jusqu’au point où le tunnel est trop étroit pour un plongeur et un véhicule. Au-delà, nous devions compter sur nos combinaisons habituelles d’homme-grenouille – combinaisons de plongée et palmes – pour nager les dix derniers mètres environ jusque dans la centrale proprement dite.

Nous nous sommes donc préparés pour l’assaut. Trois grandes valises contenaient les six propulseurs dont nous aurions besoin. Depuis que nous avions été sélectionnés pour saboter l’alimentation électrique de l’ennemi, nous étions tous nerveux. Nous étions loin derrière les lignes ennemies, et jusqu’ici nous n’avions pas eu de problèmes. Mes coéquipiers étaient contents de cela, mais la plupart d’entre eux étaient plutôt bleus. Moi, par contre, j’étais méfiant. Cela me semblait trop facile. Je sais que mes chefs sont doués pour planifier et exécuter ces missions, mais comme le dit le proverbe, aucun plan ne survit intact à l’exécution, et grâce à mon expérience, je l’avais appris à la dure à plusieurs reprises.

J’étais encore hanté par les souvenirs de ma dernière mission d’infiltration, six mois plus tôt, au cours de laquelle mon pote Joe s’était littéralement et stupidement retrouvé pris dans un piège à lapin alors qu’il naviguait dans les bois chez le grand patron d’un réseau de crime organisé dont nous devions prouver qu’il était également mêlé à un réseau d’espionnage. Je m’en étais sorti sain et sauf, mais Joe a été pris vivant, et a apparemment révélé plus tard certaines parties de notre plan, mettant ainsi en péril plusieurs missions ultérieures.

Aussi, lors du briefing avec l’équipe, j’ai beaucoup insisté sur les plans d’urgence. Si on nous détectait à l’entrée, on sortirait simplement avec le courant, pour ensuite se séparer et se diriger chacun vers un village voisin, dans lesquels des kits de sortie avaient déjà été cachés. Si on nous attrapait à l’intérieur, on tuerait les gardes avant de sortir immédiatement par les mêmes tunnels et se séparer selon le même plan.

On est donc entrés dans l’eau, purgé nos scaphandres afin de couler, allumé les propulseurs. Ils nous ont tirés rapidement et efficacement contre le courant. On a atteint le point où le tunnel se rétrécit, et comme prévu, on a largué les propulseurs. En poussant avec les palmes, on est arrivés à l’extrémité intérieure du tunnel. Toujours sous l’eau, on s’est regroupés et on a vérifié l’heure : 02h27. Là, on a attendu cinq minutes de plus, juste pour être sûrs. On est donc restés là, quasiment immobiles, respirant toujours l’air en conserve des réservoirs, et les recycleurs nous ont permis d’éviter la sortie de bulles qui auraient pu trahir notre présence.

A 02h32 précises selon ma montre, j’ai fait signe aux autres. On a enlevé notre équipement de plongée, ouvert les valves des bouteilles pour évacuer le peu d’air restant, attaché le tout ensemble pour ensuite le laisser couler et ressortir avec le courant. Il nous restait une petite bouteille et un détendeur chacun pour la sortie.

On est sortis de la piscine, et une fois certains que la voie était libre, on s’est dirigés vers les générateurs principaux. On devait y placer les explosifs au moment où la puissance était la plus faible, car pour ce faire il fallait les éteindre un par un sans que personne ne s’en aperçoive.

Mais avant de quitter la zone du tunnel d’évacuation d’eau, il restait encore une chose à faire. Stephen ouvrit un panneau dans le mur et coupa quelques fils pour neutraliser les caméras de surveillance.

On se dirigea ensuite vers la salle du générateur, où on a trouvé le panneau de contrôle. Après avoir localisé les bons interrupteurs et les endroits exacts où placer les explosifs, on s’est mis au travail. Mark prit dans son sac étanche le papier avec les codes dont nous avions besoin, et les a saisis pour s’identifier comme administrateur. Chacun de nous se tenait à côté d’un générateur, prêt à agir rapidement avant que la puissance ne baisse suffisamment pour que le système déclenche une alarme. Mark n’avait pas besoin de nous donner de signaux. Nous étions bien entraînés pour cela, et prêts à partir. Une fois que la lumière rouge de chaque générateur était éteinte, on a attendu exactement 30 secondes, placé l’explosif sur la turbine qui tournait encore lentement, puis donné le feu vert à Mark pour redémarrer le générateur.

Cette partie de l’opération s’est déroulée sans accroc. Une fois terminé, on a tout remballé, Mark a utilisé ses privilèges d’administrateur pour supprimer toute trace de notre passage dans les journaux de l’ordinateur, et s’est déconnecté.
On est ensuite retournés à la bouche d’aération. Une fois arrivés, on s’est préparés et on a plongé pour ressortir immédiatement à la nage avec le courant. Dix minutes plus tard, nos réservoirs d’air étaient vides et on avait atteint la surface de la rivière, bien loin de la centrale. J’étais le deuxième. Dan était déjà sorti. Puis vint Mark, puis Chuck et Rob. Mais Jack n’est pas réapparu. Inquiets, on a attendu cinq minutes de plus, comme prévu. Et encore cinq minutes. Puis une forme plus sombre fit surface juste en amont. On l’a atteinte on a vu que c’était Jack. Il était mort. Il y avait une profonde entaille sur son front et – le plus inquiétant – un trou de balle dans son dos. Est-ce qu’on nous avait vus ? Notre mission avait-elle échoué ? On ne le saurait que si les bombes qu’on avait placées n’explosaient pas…

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