Inspiration: les fils de commentaire sur Facebook (et surtout sur les groupes d’écrivains) partent facilement en sucette… Dans celui-ci, on a commencé à discuter de nos réactions au cas où nos pères se livreraient à l’exorcisme, et il y en a un qui a répondu qu’il réagirait pareil que si sa mère décidait de partir à la chasse aux licornes.

Je n’ai pas pu résister…

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Mais la chasse aux licornes, ça existe! Tu ne le savais pas? C’est juste que c’est tellement difficile que même lorsque quelqu’un réussit à les trouver, en général il n’en revient pas vivant. Si ta mère est vraiment décidée, il faudrait qu’elle aille sur une île située par 70°O 25°N, juste au milieu de ce qu’on appelle communément le Triangle des Bermudes. C’est le seul endroit où ils existent encore. Après des millions d’années passées à se battre contre les chevaux en Eurasie et se prendre raclée sur raclée, elles se sont retrouvées coincées dans un territoire de plus en plus exigû, jusqu’à finir limitées à cette seule île. Parmi les dernières licornes présentes en Eurasie on trouve le couple qui a refusé de monter sur l’Arche de Noé (ils ne voulaient pas se frotter aux chevaux à bord) ainsi que celles qui se sont tournées vers la mer et ont commencé à fŕequenter une espèce de baleines, ce qui a créé les narvals. Les narvals, d’ailleurs, ont aussi hérité de la paranoïa des licornes, et sont tout autant prédisposés à se cacher.

Sur cette île (nommée Insula Cornunica), les licornes ont développé leurs traditions et coutumes, notamment les joutes sans cavalier, le bilboquet-corne, et les numéros d’équilibristes les plus extrêmes que vous n’avez jamais vus: une licorne en équilibre sur sa corne, cette dernière posée sur la corne d’une autre. Elles ont développé une structure sociale semblable à celle des loups: plusieurs troupeaux, chacun avec une licorne alpha, quelques betas (et sans doute aussi quelques bêtas), les juments et les poulains.

Et niveau défense, ils ne font pas semblant: Déjà, leurs cousins narvals patrouillent les mers alentour pour s’occuper de tout navire qui s’approcherait. Historiquement, ceux-ci utilisaient leur corne pour percer les coques des navires et les couler, mais maintenant avec les coques en acier et en titane c’est bien plus difficile. Heureusement l’évolution leur a fait don d’antennes dans la corne, ce qui leur permet d’émettre des signaux radio pour perturber les appareils de navigation et de communication, notamment les radars.

Ensuite, il y a le cimetière des licornes: depuis des siècles, les licornes inhument leurs morts sous la mer, de telle façon que les cornes dépassent du fond en direction des navires qui s’approcheraient. Et enfin, si par hasard quelqu’un arrive jusqu’à la plage, les gardes licornes d’élite se tiennent prêts à sortir en troupeau pour écrabouiller et transpercer le visiteur maladroit.

Il m’a fallu beaucoup d’efforts et de négociation pour qu’ils me laissent entrer sur l’île et obtenir ces infos. J’ai dû embaucher une équipe de dauphins pour m’y conduire et m’aider à négocier avec les narvals, montrant patte blanche une bonne dizaine de fois. Puis j’ai dû rester dans les hauts-fonds pendant des heures, nu et bien sûr sans mon équipement, avec les mains étendues devant moi, avant que les gardes n’acceptent que je n’étais effectivement pas là pour leur faire du mal. Il a fallu des semaines pour qu’ils m’acceptent comme ami, des mois avant que je ne sois autorisé à entrer dans la communauté pour pouvoir assister à ces coutumes. Quand j’ai voulu revenir chez moi, ils m’ont laissé faire à condition que je jure d’assurer leur sécurité (d’ailleurs, les coordonnées que j’ai donné ci-dessus sont fausses… désolé), et leur chef m’a même porté jusqu’aux dauphins. Oui, j’y retournerai un jour…